Lettre de remerciement du président dominicain Gregorio Luperón au président Nissage Saget

Les présidents haïtiens Fabre Nicolas Geffrard et Nissage Saget ont aidé la République Dominicaine à maintenir sa souveraineté et son indépendance face à la volonté d'une certaine élite dirigée par le président Buenaventura Baez de livrer le pays à l'Espagne et de redevenir ainsi une colonie.  Quant au président Nissage Saget, il a offert l'asile à des résistants dominicains, leur a donné des hommes, des armes, des munitions, de l'argent pour aller libérer leur pays. Ci-dessous, la lettre de Gregorio Luperón au président Saget pour le remercier de son aide et dans laquelle il a reconnu que son pays est redevable d'une immense dette envers Haïti en raison de son soutien au peuple dominicain.

Une circonstance imprévue m'a amené à Saint-Marc sur le bateau que je dirigeais. Votre accueil franc, loyal et amical a fait déborder le sentiment de Fraternité en moi envers le peuple haïtien, et m'a fait accumuler une immense dette de gratitude envers votre gouvernement. 

Mon séjour involontaire dans cette rade [de Saint-Marc], aux prises avec d'innombrables obstacles, m'a amené à apprécier vos nobles efforts pour m'aider à les vaincre, et ils ont finalement été vaincus grâce à votre soutien déterminé. 

Que puis-je faire pour rembourser autant de services ? Rien, rien de plus que de vous offrir de me tenir éveillé pour rendre effective la paix, l'amitié et la plus cordiale fraternité entre les deux peuples qui habitent l'île. 

Les hommes sont guidés dans leur carrière par les événements, et ceux-ci m'ont conduit à Saint-Marc pour donner à la République haïtienne le droit d'inscrire dans le faste de son histoire, une page aussi brillante que celle à laquelle Pétion a souscrit en soutenant les plans géants du génie de Colombie [Simón Bolívar]. La postérité, Président Nissage, répétera à haute voix vos actions et consacrera votre magnanimité. 

Gregorio Luperón , 29 de Mayo de 1869

Version espagnole

Président Gregorio Lupéron

Una circunstancia imprevista me arrastro a San Marcos en el vapor que mandaba. Vuestra franca, leal y simpatica acogida, ha hecho desbordar en mi el instituto de la fraternidad hacia el pueblo haitiano, y me ha constituido deudor hacia vuestra Gobierno de una inmensa gratitud. Mi involuntaria estada en esta rada, luchando coninfinitas contrariedades, me ha dado lugar a estimar vuestros nobles esfuerzos por ayudarme a vencerlas y ellas han sido vendidas por fin por vuestro decidido concurso. 

Que podré yo hacer para retribuir tantos servicios? Nada, nada mas que ofreceros desvelarme por hacer efectivas la paz, la amistad y la mas cordial fraterniadd entre los dos pueblos que habitan la isla. 

Los hombres son guiados en su carrera por los acontecimientos, y éstos me condujeron a San Marcos para dar derechos a la República Haitiana de inscribir en los fastos de su historia, una pagina tan brillante como la que suscribio Petion secundando los planes gigantes del genio de Colombia. La posteridad, Presidente Nissage, repetira en alta voz vuestras acciones y consagrara vuestra magnanimidad.

Source : Rodriguez Objio, Gregorio Luperon e historia de la Restaucion, page 260.