En pleine lutte pour leur indépendance et abandonnés par les Européens, les révolutionnaires grecs demandèrent en 1821 de l'aide au président haïtien, Jean-Pierre Boyer, pour libérer leur Patrie sous occupation turque depuis 1453. Le président Boyer, en dépit des problèmes budgétaires liés aux dépenses du pays pour aider la Province de l'Ozama (l'actuelle République Dominicaine) qui venait d’être incorporée à la République, leur envoya 25 000 sacs de café, le pétrole de l'époque. La vente de ce produit permit aux Grecs d'acheter des armes pour mener leur combat pour la liberté et l'indépendance.
LIBERTÉ - ÉGALITÉ
Aux citoyens de la Grèce A. Korais, K. Polychoroniades,
À Paris
Avant que je ne reçoive votre lettre de Paris, datée du 20 août dernier, les nouvelles de la révolution de vos concitoyens contre le despotisme qui a duré environ trois siècles étaient déjà arrivées ici. C'est avec beaucoup d'enthousiasme que nous avons appris que Hellas a finalement été obligé de prendre les armes pour gagner sa liberté et la position qu'elle occupait autrefois parmi les nations du monde.
Un cas aussi beau et juste, et surtout les premiers succès qui l'ont accompagné, ne peuvent laisser les Haïtiens indifférents, car nous, comme les Hellènes, avons longtemps été soumis à un esclavage déshonorant et avons finalement, avec nos propres chaînes, brisé la tête de la tyrannie.
Désireux de protéger les descendants de Léonidas, nous avons pensé à aider ces braves guerriers, sinon avec des forces militaires et des munitions, du moins avec de l'argent, qui sera utile pour l'acquisition des armes, dont vous avez besoin. Mais les événements qui se sont produits et qui ont imposé des restrictions financières à notre pays ont absorbé la totalité du budget, y compris la partie qui pouvait être disposée par notre administration. En outre, à l'heure actuelle, la révolution qui triomphe dans la partie orientale de notre île crée un nouvel obstacle à la réalisation de notre objectif ; en effet, cette partie, qui a été incorporée à la République que je préside, se trouve dans une pauvreté extrême et justifie donc d'immenses dépenses de notre budget. Si les circonstances, comme nous le souhaitons, s'améliorent à nouveau, nous vous aiderons honorablement, vous les fils de la Grèce, au mieux de nos capacités.
Citoyens ! Transmettez à vos compatriotes les vœux chaleureux que le peuple d'Haïti envoie au nom de votre libération. Les descendants des anciens Hellènes attendent avec impatience, dans le réveil de leur histoire, des trophées dignes de Salamis. Puissent-ils se montrer comme leurs ancêtres et être guidés par les commandements des Miltiades, et pouvoir, dans les champs du nouveau Marathon, réaliser le triomphe de la sainte affaire qu'ils ont entreprise au nom de leurs droits, de leur religion et de leur patrie. Que ce soit enfin, par leurs sages décisions, qu'ils soient commémorés par l'histoire comme les héritiers de l'endurance et des vertus de leurs ancêtres.
Le 15 janvier 1822 et l'an 19 de l'indépendance
Source : JSTOR
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