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Haïtianaute

Procès-verbal de la commémoration du premier anniversaire de l'Indépendance d'Haïti

Dernière mise à jour : 24 juil. 2020



Nous reproduisons in extenso le procès-verbal du premier anniversaire de l'Indépendance nationale tenu au Cap-Haïtien, rapporté par le neuvième numéro de la Gazette politique et commerciale d'Haïti du jeudi 10 janvier 1805.


EMPIRE D'HAÏTI

Du Cap, le 9 janvier

La célébration de l’anniversaire de l’indépendance d’Haïti, a lieu une salve générale d’artillerie, tant des batteries de terre que de la Marine, annonça la solennité du jour.
A cinq heures et demi du matin, les régimens composant garnison de cette ville, se rendirent au Champ-de-Mars, où ils se rangent en ordre de bataille.
A six heures, les corps administratifs et judiciaires arrivèrent sur la même place, et y attendirent son excellence le général de division Christophe, qui s’y transporta quelques instants après. Alors les troupes se formèrent en cercle, et après leur inspection, l’adjudant général du Nord, donna lecture de l’acte de l’indépendance de l’Empire d’Haïti ; il fut souvent interrompu par les cris de Liberté ou la mort ! Vive l’Empereur ! L’indépendance ou la mort !
Cette lecture étant finie, le général prononça un discours plein de force, et qui fut répété par toutes les autorités présentes, par les régimens sous les armes, ainsi que par le peuple, les uns à l’envi des autres.
La prestation de serment faite, les régimens se développèrent en colonne, et défilèrent dans un ordre admirable, ayant le général à leur tête, précédé des corps administratifs ; ils se rendirent tous à l’église pour assister à l’office divin, qui fut célébré avec toute la pompe du culte romain, par M. l’abbé Corneille, prêtre catholique. A l’issue de la messe, le Te Deum fut chanté au bruit d’une nombreuse artillerie, placée en face de l’église.
M. l’abbé Corneille prononça un sermon extrêmement touchant, et qu’on ne saurait trop louer pour les sentimens d’humanité et d’amour de la Patrie, pour l’exhortation qu’il a exprimé avec beaucoup de sensibilité, et surtout aux citoyens de cette ville de ne point se rebuter dans les travaux pénibles, mais nécessaires qu’ils exécutent pour la conservation de leur propre liberté ; et après un court éloge de l’Armée et de ses chefs, il termina par démontrer le besoin d’être continuellement en armes, pour se défendre contre les tentatives qui pourraient faire les ennemis de notre indépendance.
Le 7, il y a eu un repas à la salle du spectacle, où son excellence le général Christophe y a assisté, accompagné des autorités civils et militaires, ainsi que du corps du commerce, tant étranger qu’haïtien.
Nous avons vu avec beaucoup de plaisir, un grand nombre d’étranger assister spontanément à cette cérémonie, à laquelle ils ont témoigné prendre un très grand intérêt.
Nous ne pouvons terminer cet article, sans observer avec satisfaction, que les mœurs commencent à rentrer dans les bornes de la décence. Depuis l’expulsion des Français, la religion, plus respectée, exerce librement ses droits sacrés ; l’éducation publique, proscrite sous Rochambeau, reprend maintenant toute sa force, et une nombreuse jeunesse se forme dans les écoles, pour remplacer un jour, leurs braves aînés, dans les rangs de nos défenseurs.

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